9 mois ferme
France : 2012
Titre original : –
Réalisateur : Albert Dupontel
Scénario : Albert Dupontel, Laurent Turner
Acteurs : Sandrine Kiberlain, Albert Dupontel, Nicolas Marié
Distribution : Wild Bunch Distribution
Durée : 1h22
Genre : Comédie
Date de sortie : 16 octobre 2013
3/5
Deux ans après avoir déserté les écrans, Albert Dupontel reprend du service pour notre plus grand plaisir. Après Bernie, Le créateur, le vilain et enfermés dehors, il revêt à nouveau sa casquette d’acteur-réalisateur-scénariste et signe une comédie grinçante délicieusement teintée d’humour noir dont il a le secret.
Synopsis : Ariane Felder est enceinte ! C’est d’autant plus surprenant que c’est une jeune juge aux mœurs strictes et une célibataire endurcie. Mais ce qui est encore plus surprenant, c’est que d’après les tests de paternité, le père de l’enfant n’est autre que Bob, un criminel poursuivi pour une atroce agression ! Ariane, qui ne se souvient de rien, tente alors de comprendre ce qui a bien pu se passer et ce qui l’attend.
Une histoire d’humour fou
Au premier abord, le pitch de 9 mois ferme est agaçant de simplicité et n’annonce rien de bon. C’était sans compter le nom de Dupontel au générique. Rien que par l’ajout de ces quelques lettres, un film qui aurait pu s’avérer fadasse et sans intérêt prend de suite une tournure beaucoup plus intéressante. L’homme en question est connu pour son affection pour l’humour noir dont il a usé à maintes reprises dans ses premières créations.
En un tour de main, ce film aux allures bien conventionnelles se transforme en une comédie loufoque peuplée de personnages caricaturaux au possible. En effet, l’extrême est de mise dans ce long-métrage et cet extrémisme souvent redouté au cinéma est ici salvateur. Les personnages sont certes caricaturaux, mais cela ne fait qu’amplifier leur côté déjanté, les situations sont poussées à l’extrême, mais on ne s’en délecte que davantage.
Sandrine Kiberlain trouve ici un rôle à la hauteur de son talent comique, en incarnant une juge BCBG carriériste et célibataire endurcie se retrouvant soudain enceinte d’un dangereux criminel après une soirée trop arrosée. Suivant la ligne directrice du film, elle accentue le trait sans aller trop loin, donnant vie à une juge amère sans être rigide, sérieuse sans être sévère. Elle qui n’était à l’origine pas pressentie pour le rôle s’en sort à merveille. Dupontel se fait lui aussi visiblement plaisir en incarnant Bob Nolan, une petite frappe au cœur tendre. Là aussi, le trait à été grossi : tout en cuir et en boucle d’oreille, Bob Nolan est le cliché même du dur à cuire. Face à lui, un avocat bègue et légèrement simplet interprété par Nicolas Marié, magistral dans ce rôle qui devient un élément comique notable du film. Pour donner vie à tous ces personnages gratinés, Dupontel a fait appel à des habitués (Philippe Uchan, Gilles Gaston Dreyfus qui ont déjà tourné avec le réalisateur) tout en offrant à Jean Dujardin un caméo inattendu qui ajoute une touche d’humour loufoque au cours de séquences parodiant le traitement de l’information dans les médias.
Là où des personnages si caricaturaux auraient pu nuire au film, ceux-ci deviennent l’une des forces majeures du long-métrage, qui malgré une idée de base relativement facile, est sauvé par un traitement trash et des répliques bien senties. Dupontel n’a pas froid aux yeux et ose parfois mettre en scène des situations plutôt douteuses en ajoutant cette petite pincée d’humour noir si délectable. Parfois également, il opte pour une mise en scène plus classique, présentant ses personnages et leur histoire à la façon d’un Jean-Pierre Jeunet – sans oublier la touche de dérision – faisant de 9 mois ferme un film tout en contraste, à l’image de la rencontre incongrue entre une juge et un taulard.