Un avant-goût des Oscars…
Le 2, sort un bon gros navet bien de chez nous sur un sujet qui sent le rance : les douaniers ! Rien à déclarer dont la seule pertinence réside dans le titre qui lui va comme un gant, attire 8 millions de Français. Mais le film de la semaine est indiscutablement Le Discours d’un roi avec un Colin Firth magistral en George VI qui ne bégayera pas quelques semaines plus tard en recevant son oscar. Plus de trois millions de spectateurs pour ce film. Semaine très européenne donc, qui se confirme avec un film slovène (A slovenian girl), norvégien (Un chic type) et roumano-hongrois (Morgen).
Le 3, disparait Maria Schneider, comédienne qui avait explosé face à Brando dans Le dernier tango à Paris. Elle avait également partagé avec Miou-Miou l’affiche de La Dérobade de Daniel Duval. On l’avait vue avec le tout cinéma masculin français dans Les Acteurs de Blier et face à Nicholson dans Profession : reporter d’Antonioni.
Le 4, meurt Tura Satana connue pour son rôle de Varla dans le film culte de Russ Meyer Faster, Pussycat! Kill! Kill! .
Le triomphe de Luchini et des frères Coen…
Le 9, Black Swan de Darren Aronovsky entre dans la danse et dépassera les 2 millions de spectateurs, offrant le 27 un oscar plutôt mérité à Nathalie Portman. Tron l’héritage quant à lui attirera plus d’un million de teenagers. Même score pour Animaux et cie destiné aux tout petits. Benjamin Biolay et Eric Caravaca se posent quand à eux la question existentielle Qui a envie d’être aimé ?. Ils seront à peine plus de 100 000 à venir chercher la réponse.
Le 16, le comédien Len Lesser meurt à 88 ans. Sa filmo est marqué par un chef d’œuvre (Marqué par la haine aux côtés de Paul Newman), deux adaptations de Dostoïevski (Crime et châtiment et Les Frères Karamazov) et deux films sur le milieu carcéral (Le prisonnier d’Alcatraz et Papillon). Le même jour sortent cinq films promis à une belle carrière. Si le succès de Largo Winch II ne surprend pas avec 1,3 million de spectateurs (mais 20% de moins que le premier épisode), les quatre autres affichent des scores plus inattendus. Nathalie Portman ne hisse pas Sex Friends au dessus du million (950 000), Halal police d’Etat se contente de 800 000 entrées, l’enfantin Gnomeo et Juliette s’arrête avant les 600 000 alors que Les femmes du 6ème étage cartonnera avec 2,2 millions de spectateurs ravis qui assurent au film un formidable bouche à oreille. Cette comédie sociale porte Fabrice Luchini haut dans le box-office et permet à Philippe Le Guay, son réalisateur, de voir les choses venir pour son prochain film. Enfin, l’immense Michel Bouquet, comédien qui remplit des salles entières au théâtre, ne réussit pas à attirer grand monde avec La petite chambre qui quitte l’affiche très rapidement.
Le 23, les frères Coen se taillent encore une belle tranche de succès en France avec un genre pourtant moribond, le western. True Grit franchit les 1,3 millions d’aficionados. Le voyage de Gulliver s’arrêtera à 600 000 alors que la mortelle randonnée de James Franco dans 127 heures s’essouffle avant les 400 000 spectateurs. Dur pour Danny Boyle, cinéaste pourtant chouchou des cinéphiles. Mélanie Laurent, présente sur tous les fronts cette année, n’attire même pas 100 000 spectateurs avec Requiem pour une tueuse. Mauvais choix pour ce film juste raté dont l’affiche déjà prêtait à rire.
Le 25, le grand rendez vous du cinéma français se tient au Chatelet. Les Césars, qui toujours ont snobé Claude Chabrol, décédé quelques mois plus tôt, récompensent pour la troisième fois Polanski, prouvant qu’il vaut mieux être pédophile que gastronome, même dans ce milieu. On restera très en dessous de la ceinture « grâce » à Sara Forestier (meilleure actrice pour Le nom des gens) qui gratifie l’assistance d’un discours débile sur sa petite culotte, ce qui a du laisser sans voix le crapaud de bénitier Michael Lonsdale, césar du second rôle pour Des hommes et des dieux. Le film de Xavier Beauvois obtient la consécration (meilleur film de l’année). Anne Alvaro, géniale dans Le bruit des glaçons de Blier est sacrée à juste titre meilleur second rôle féminin. David Fincher repart (sans être venu : ils sont balaises, ces Américains…) avec le césar du film étranger pour The Social network.
Le 27, rebelote mais à Hollywood. Les Oscars sacrent Le Discours d’un roi (meilleurs film, comédien, metteur en scène et scénario). Inception repart avec quelques trophées techniques et The Social Network rafle la statuette (méritée) de la meilleure musique. La France y était totalement absente. Christian Bale est enfin consacré (meilleur second rôle masculin).
Girardot s’éclipse
Le 28, les fragments d’un discours résonnent douloureusement à nos oreilles : « « Je ne sais pas si j’ai manqué au cinéma français, mais à moi le cinéma a manqué. Follement. Eperdument. Douloureusement. (…) Votre amour me fait penser que peut-être, je dis bien peut-être, je ne suis pas encore tout à fait morte. ». C’était en 1996 aux Césars où elle venait d’être récompensée grâce aux Misérables et à Claude Lelouch, seul cinéaste à ne l’avoir jamais laissé tomber. Annie Girardot vient de s’éteindre à l’âge de 77 ans après un combat acharné contre la maladie d’Alzheimer. La France entière salue cette immense comédienne qui incarna la femme moyenne, de La Mandarine de Molinaro à Docteur Françoise Gailland de Bertucelli après avoir été l’une des plus belles allumeuses sous l’égide de Visconti (Rocco et ses frères). La comédie (Tendre poulet), le drame (Mourir d’aimer), le polar (Liste noire), elle aura tout joué. Ce même jour, la comédienne américaine Jane Russell tire sa révérence à l’âge de 90 ans. Son opulente physionomie en avait fait un sex symbol objet de tous les fantasmes.