Le choc Shame
Le 1er disparaît Bill McKiney, acteur de second rôle aperçu entre autres dans La ligne verte , Retour vers le futur 3 ou encore Rambo et plusieurs films d’Eastwood (Pink Cadillac, L’épreuve de force).
Le 3 disparaît Dev Anand, comédien, cinéaste et producteur indien de Bollywood. Une filmo de plus de 110 titres en tant que comédien, 31 comme producteur et 19 qu’il mettra en scène en font une figure incontournable même si peu connue du public occidental.
Le 7 s’éteint Harry Morgan. Ce comédien américain en presque 60 ans de carrière avait multiplié les seconds rôles devant la caméra des plus grands, de Wellman à Mankiewicz (Le château du dragon), de Borzage à Minnelli (Madame Bovary). Le même jour, Hollywoo débarque sur les écrans, porté par deux stars de la télé. Les Français ayant besoin de rire (ou espérant se marrer) vont courir en masse pour voir ce navet sur lequel deux « cinéastes » se sont attablés. Happy feet 2 semble mal parti pour renouveler le carton du premier épisode car malgré les vacances scolaires, il est à l’heure actuelle en train de franchir les 500 000 spectateurs. Polanski ne renouvellera pas son score de Ghost writer avec Carnage, ce dernier risquant de stopper sa course à 400 000 malgré une brochette de comédiens tous oscarisés. Le radical et sublime Shame mené par un Michael Fassbender au sommet de son art sort également ce jour. L’esthétisante mise en scène de Steve McQueen (II) n’attirera pourtant pas les foules françaises, même si les 300 000 entrées devraient êtres franchies.
Dubillard dévisse, Scorsese cartonne
Le 9 disparaît Jacques Debary, célèbre pour avoir été le commissaire Cabrol dans Les cinq dernières minutes à la télévision. Mais il fut également présent sur les grands écrans grâce à Louis Malle (Le voleur), José Giovanni (La Scoumoune), Yves Boisset (Allons z’enfants) ou encore Claude Berri pour qui il joua le directeur d’école dans Le Maître d’école aux côtés de Coluche.
Le 14, c’est une figure emblématique des lettres françaises qui s’éteint. Roland Dubillard était considéré comme le frère spirituel de Ionesco et Beckett. Mais il fut également comédien au théâtre et au cinéma. Parmi ses films, aussi bien grand public qu’auteuristes, on peut citer Charlotte forever de Gainsbourg, L’amour braque de Zulawski, Peur sur la ville de Verneuil ou encore La grande lessive et Le Témoin de Mocky. Le même jour, la bataille fait rage entre Scorsese et Tom Cruise, qui ne laissent que quelques miettes aux autres sorties de la semaine. Encensé par la critique, Hugo Cabret, avec ses 130 millions de dollars de budget, réalisera deux excellentes semaines. Les vacances de Noël vont lui permettre de franchir largement le million. Quant aux aventures de Ethan Hunt (Mission Impossible : protocole fantôme), bien qu’elles aient vu une chute assez vertigineuse de fréquentation en deuxième semaine, elles devraient finir à 2,5 millions de spectateurs en France, loin toutefois des deux premiers opus de la franchise, mais assez pour que soit envisagé un 5ème épisode. Des vents contraires, le deuxième film de Jalil Lespert s’est écroulé au bout d’une semaine et a péniblement franchi les 200 000 entrées malgré Magimel et Carré au générique. Les tribulations d’une caissière s’apprête à faire moins d’entrées que n’avait fait de lecteurs le roman éponyme en se contentant au mieux de 100 000 clients. Score que peut oublier 17 filles qui sera déjà bien loti s’il en réalise la moitié. Même chose avec le drolissime Oh my god ! qui n’a fait vibrer que 38 000 personnes en première semaine. Malgré une critique favorable, On the ice reçoit un accueil glacial du public.
Un petit Cronenberg
Le 21, alors que Intouchables s’apprête à franchir les 15 millions de spectateurs avec un réseau de 900 salles en 8ème semaine, Alvin et les Chipmunks 3 démarre une carrière qui le mènera vraisemblablement haut dans le box-office avec une première semaine à 800 000. Audrey Tautou qui sur l’affiche pose à la manière de Binoche dans La Délicatesse n’a attiré que 200 000 fans. Peu probable que le score final soit « améliepoulainesque ». Massacré par la presse, Happy New Year qui réunit une brochette de stars hollywoodiennes (De Niro, Efron, S.J.Parker, Pfeiffer, Swank and co) dirigées par Gary Marshall (Pretty woman), fait à peine mieux que Kaurismaki avec Le Havre, que la critique porte aux nues. Un signe que l’avis des professionnels n’est pas si inutile que ça dans le choix du public. Cronenberg se fait très bavard dans son nouveau film A dangerous method et le public ne semble pas suivre avec autant de délectation cette histoire de violence verbale que les précédents opus du cinéaste. Il réalise 150 000 entrées en première semaine, soit moins que la deuxième des Promesses de l’ombre en 2007. L’Irlandais et Les boloss n’atteindront quant à eux probablement pas les 100 000 visiteurs. Ce même jour sort l’admirable film de Jafar Panahi, Le Miroir, état des lieux de la société iranienne dans les années 90.
En attendant 2012
Le 26 disparaissait Pedro Almandariz fils. Fils de Pedro Almendariz (vu dans Le massacre de Fort-Apache et Le fils du désert de John Ford notamment), il était comédien et producteur. Il avait joué entre autres dans Amistad de Spielberg, Le Mexicain de Gore Verbinski, La légende de Zorro de Martin Campbell et même La Chèvre de Francis Veber.
Le 28, arrivent les dernières sorties de l’année. En pleines vacances scolaires, le public a le choix entre Echange standard, comédie américaine que la presse a laminée, Malveillance, thriller implacable venu d’Espagne où un gardien d’immeuble martyrise tout en douceur une des résidentes, Killing fields, un polar US pas mal ficelé, Let my people go, comédie française assez barrée sur un juif homo qui cherche sa voie, une leçon de peinture grâce à Bruegel, le moulin et la croix ou les affres de la mondialisation dans une entreprise italienne avec L’Empire des Rastelli. Qui trouvera son public ? 2012 nous le dira…